jeudi 7 novembre 2013

La part de rêve qui est en nous / 2





Que chacun poursuive un but propre qui échappe aux impératifs de la vie en commun et même aux cadres normaux de la physique et de la raison est une chose possible. Poursuivre une chimère, vouloir décrocher la lune, être astronaute... tant de possibilités que nous cachons au fond de nous, que nous ne révélons pas par peur du ridicule ou esprit de sérieux. Que le rêve soit enfermé ainsi en nous pose le problème de la surface et de la profondeur, du rapport au réel et du sens. Si nous sommes libres nous pouvons vouloir l'impossible, nous sommes activement dans la recherche de cette part de nous qui autrement échappe et fait disparaître en même qu'elle des illusions. Mais qu'est-ce qu'une situation qui a besoin de l'illusion ? Ne faut pas s'affronter aux choses, aux possibles aussi, vouloir quelque chose qui manifeste ma tension vers l'objet et la réussite de mon projet. Le rêve ne doit pas être seulement une part de nous mais doit remplir la totalité de notre être afin d'advenir et avec lui mon identité. Il ne faut pas prendre le rêve comme l'autre de l'existence mais comme son fond, tout projet avant sa réalisation n'est-il pas rêve ? Dormir, mourir, rêver peut-être ! La vie est un songe, un mirage, comment puis-je être assuré même d'exister véritablement ?


Dans le rêve dit Descartes je ressens les choses, je sens cette caresse comme je sens la douleur de ce coup : comment partager entre les sensations diurnes et celles nocturnes ? La solution cartésienne est dans le doute, dans un doute excessif qui portée sur le fondement de l'existence elle-même et qui va rencontrer  comme seul sol solide le fait que durant le temps où je doute quelque chose est forcément en train de douter. Ce quelque chose qui doute c'est moi : d'une manière radicale la preuve de l'existence est rationnelle et n'engage pas immédiatement le corps. La substance pensante est antérieure à la substance étendue, elle en est la preuve et la réalisation intellectuelle. La coupure peut bien se produire et grandir : le corps est un support incertain de connaissances dit Descartes qui propulse ainsi la science du côté de la déduction et qui ainsi peut s'écarter de la matière comme source de toute connaissance. Descartes dans le discours de la méthode pose une raison qui prend la figure d'une pensée sans le corps qui l'accompagne, n'est-ce pas là une inversion prodigieuse de la réalité ?

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