lundi 30 septembre 2013

Thème BTS : La part de rêve qui est en nous.

La part de rêve qui est en nous.



Cette affirmation (il existe une part de rêve en chacun de nous) produit une définition générale : tous les  hommes rêvent de quelque chose qui restent enfoui au plus profond d'eux. L'énoncé suppose donc une différence entre dedans et dehors, entre surface et profondeur mais dès lors aussi entre superficiel et important, entre existence et Être. Nous retrouvons là le grand cadre de la pensée idéaliste classique : une pensée des profondeurs qui implique que le réel, la matière, les choses, ce que nous vivons finalement à moins d'épaisseur qu'un rêve, qu'un songe qui prend la forme de mon identité et de ma définition. Ne pas se contenter de l'apparaître mais plonger dans l'Être, dans l'essence, dans la définition, dans cette part de nous qui demeure un rêve car le "quotidien" ou les autres ou ma paresse empêcherait la réalisation de ce désir. Logique de la raison et de la passion, préférer une folie passagère à la construction lente d'une vie, plonger dans ses désirs et vouloir seulement qu'advienne mon plaisir. D'abord entendre que la vie ne peut être satisfaisante puisque le rêve est cette trace d'une autre existence possible, souhaitée et que je ne peux atteindre. L'énoncé suggère que le rêve aurait une valeur supérieure aux déploiements de mon existence.



Que signifie l'énoncé appliqué à notre existence ?

Qu'il y a une incomplétude de notre vie, un manque, que le meilleur de nous serait prisonnier en nous sans pouvoir s'exprimer. La faute en serait aux circonstances, aux contraintes, finalement à la société. Il y a là comme une ode à la liberté qui ne pourrait se trouver qu'en dehors de la vie "ordinaire".

Mais ne peut-on pas affirmer au contraire qu'un rêve n'est pas fait pour se réaliser ? La vie que je mène est la seule que je puisse mener, ce que je peux vivre est entièrement ma vie, sans reste. Vivre est alors pleinement réaliser ce que je suis : le dedans, l'intériorité, l'essence n'est pas un rêve mais un mythe construit de toutes pièces pour affirmer que la vie que nous vivons n'est pas la véritable vie. Pour faire croire que la vie est ailleurs, précisément toujours où elle n'est pas.



Dans le film "Into the wild" le rêve est toujours plus au Nord, en Alaska. Dans les solitudes glacées et le héros quitte ceux qu'ils rencontrent au nom de la réalisation d'un rêve. Ce ciel homme qu'il rencontre et qui est son ami, cette jeune fille qui est l'incarnation de l'amour... tout cela ne peut tenir, la liberté est ailleurs, toujours plus au froid, toujours plus seul. Et il parvient dans cet enfer qu'il rêvait en paradis. Dans un bus abandonné il créé un univers où l'indépendance est reine, où le rythme est celui de la nature. Mais si une seule fois le coeur flanche, si un jour la conscience vient qu'il n'y a de liberté qu'avec les hommes, au dedans d'eux, que l'amour n'est pas celui de la nature mais de nos semblables... alors la nature brise l'homme en quelques instants. Soudain le rêve devient cauchemar, monstre des abysses qu'il n'est plus temps d'apaiser. La mort est au bout ici de ce rêve, et la découverte que le héros fait trop tard c'est que le "rêve" était présent dans les moments de sa vie sans qu'il ne le voit ni ne le ressente tout occupé qu'il était par les méandres de ses profondeurs. Regarder ce qui est à nos pieds, accepter la vie vécue et non pas vivre dans l'illusion d'une autre vie possible.




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