mercredi 23 septembre 2015

Corrigé note de synthèse / introduction


La mémoire est la compagne de notre existence, elle se confond avec notre conscience. Pourtant si elle est le propre de l’homme elle prend parfois une forme collective qui semble posséder ses propres dispositions.

C’est ce que tente de définir Maurice Halbwachs à travers la position d’une mémoire collective qui serait sociale et posséderait ses propres lois. Nous retrouvons cette dimension collective dans la mémoire individuelle de Primo Levi, lorsque l’histoire individuelle devient exemplaire de celle de tous les hommes. C’est ce qu’écrit Louis Aragon dans un poème à l’éloge de quelques uns qui sacrifièrent leur vie pour que vive la France. Le document iconographique montre le rôle de l’idéologie dans la torsion de la mémoire par la manipulation. Seul Apollinaire chante un temps qui ne passe inexorablement que pour le passionné, que pour l’individu. Pourtant et encore nous nous retrouvons dans son expérience singulière.

Ici la problématique se dessine bien comme le lien entre mémoire individuelle et collective, parfois chaîne ou au contraire libération que l’on recherche.

1 / Pour ce faire nous proposerons un mouvement qui posera d’abord que toute mémoire suppose un cadre qui ne peut qu’être commun.
2 / Alors c’est peut-être au moment ou l’individu est le plus seul que paradoxalement son expérience devient collective et ainsi mémoire du groupe

3  /  Se souvenir devenant alors l’acte non plus d’une conscience mais d’une collectivité qui vient saisir le singulier pour le transformer en  pluriel créant sa propre logique et histoire.

mardi 27 mai 2014

Programme 2015 - nouveau thème

Thème n° 2 - Ces objets qui nous envahissent : objets cultes, culte des objets
Nous sommes entourés d'objets de toutes tailles, de toutes origines, de toutes valeurs. Qu'ils aient été fabriqués artisanalement ou industriellement, leur évidence, leur apparente nécessité et leur prolifération nous amènent à nous interroger : quels rapports entretenons-nous avec les objets ?
Matérialité de l'objet et modes de production
Solides, maniables, pourvus de caractères propres, les objets sont notre création. Ils sont le résultat d'une réflexion qui a pu mener du prototype à la série. Ils sont le fruit d'un travail qui a engagé un choix de forme, un mode d'usinage, un système de commercialisation donnant à la matière première une valeur ajoutée.
L'industrie produit et rend accessibles un nombre considérable d'objets. Emblèmes de la société de consommation, ils posent des problèmes de stockage, de recyclage : que faire des objets inutiles et désuets, des objets cassés ?
Le développement du numérique nous libère-t-il de cette invasion ? Jeux, livres, disques tendent à se dématérialiser. Mais ce phénomène nouveau nous affranchit-il de l'objet ou accroît-il, au contraire, notre besoin de posséder des objets concrets que nous prenons plaisir à voir, sentir, toucher ?
Fonctions des objets
La majorité des objets qui nous entourent ont une destination précise, clairement identifiable. Utiles, ils étendent le pouvoir de l'homme et facilitent la vie quotidienne ; fruits des innovations technologiques, ils alimentent aussi le mythe du progrès constant de l'humanité.
Cependant, les objets ne semblent pas toujours répondre à un besoin prédéfini. S'agit-il pour autant seulement de gadgets superflus, auxquels nous serions attachés sous l'influence de stratégies commerciales ? Ne constate-t-on pas que l'objet crée son usage ou que les utilisateurs inventent a posteriori des fonctions qui le rendent indispensable, comme c'est parfois le cas dans le domaine des nouvelles technologies ?
Les objets peuvent aussi être détournés de leur destination initiale, matérielle et utilitaire, par tout un chacun comme par les artistes. Les dimensions esthétique ou ludique occultent alors la finalité première de l'objet. À quelles fonctions les objets sont-ils assignables ?
Valeur des objets
La valeur d'un objet ne peut se réduire à sa fonction ou au besoin qu'il satisfait. D'autres facteurs interviennent : ergonomie, design, prestige lié à la qualité des matériaux, à la marque, à la mode, à la dimension esthétique...
Cette valeur n'est pas toujours mesurable. Elle tient aussi au regard que les individus, à titre personnel ou collectif, portent sur l'objet, en raison d'un attachement sentimental ou d'une relation particulière (objets sacrés, patrimoniaux, objets cultes d'une génération). Une telle valeur fait donc de l'objet bien plus qu'une simple chose inanimée, posée devant un sujet. Comment l'appréhender ? Dans quels cas pourra-t-on parler de fétichisme ou de lien irrationnel engendré par nos désirs et nos frustrations ?
Accumulés tout au long d'une vie, collectionnés avec passion, entassés avec indifférence, que disent les objets de ceux qui les possèdent ? De quoi sont-ils les signes ? Et aussi bien, que dit leur absence ? Est-elle signe de pauvreté, de dépouillement ou de liberté ?
Indications bibliographiques
Ces indications ne sont en aucun cas un programme de lectures. Elles constituent des pistes et des suggestions pour permettre à chaque enseignant de s'orienter dans la réflexion sur le thème et d'élaborer son projet pédagogique.
Bibliographie
Hans Christian Andersen, Contes in Œuvres complètes, 1868.
Honoré de Balzac, Le Cousin Pons, 1847 / La Peau de chagrin, 1831
Samuel Beckett, Oh les beaux jours, 1963
Heinrich Böll, Le Destin d'une tasse sans anse, 1988
François Bon, Autobiographie des objets, 2012
André Breton, Nadja, 1962
Thomas Clerc, Intérieur, 2013
Jean Echenoz, Des éclairs, 2007
Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1857
Antoine Galland, Histoire d'Aladin et la lampe merveilleuse, 1704
Joris-Karl Huysmans, À Rebours, 1884
Orhan Pamuk, Le Musée de l'Innocence, 2011 et L'Innocence des objets, 2012
Georges Perec, Les Choses, 1965
Francis Ponge, Le Parti pris des choses, 1942 ; Le Savon, 1967
Leanne Shapton, Pièces importantes et effets personnels de la collection Lenore Doolan et Harold Morris, comprenant livres, prêt-à-porter et bijoux, 2009
J.R.R. Tolkien, Le Seigneur des anneaux, 1954-55
Émile Zola, Au Bonheur des Dames, 1883
Essais
Roland Barthes, Mythologies, 1957
Jean Baudrillard, Le Système des objets, 1968
Walter Benjamin, L'Œuvre d'art à l'époque de sa reproductibilité technique, 1936
Élisabeth Couturier, Design, mode d'emploi, 2009
Gérard Duménil, Michel Löwy, Emmanuel Renault, Les 100 mots du marxisme, PUF, « Que sais-je? », 2009 (articles « Fétichisme de la marchandise », « Plus-value ou survaleur »)
Sigmund Freud, « Le fétichisme » in Trois essais sur la théorie sexuelle, 1905
Fernand Léger, « Un nouveau réalisme, la couleur pure de l'objet » et « À propos du corps humain considéré comme un objet » inFonctions de la peinture, 1965
Gilles Lipovetsky, Jean Serroy, L'Esthétisation du monde : Vivre à l'âge du capitalisme artiste, 2013
Catherine Millet, L'Art contemporain, 1997
Martyne Perrot, Le Cadeau de Noël : Histoire d'une invention, 2013
Mélanie Roustan, « Peut-on parler d'une "dématérialisation de la consommation" ? » , Credoc, Cahier de Recherche n° 203, octobre 2004
Christine Sievers, Nicolaus Shröder, Objets : Les objets cultes du XXe siècle, 2007
Philosophie Magazine, dossier « Cet objet vous veut-il du bien ? », n° 73, octobre 2013
Philosophie Magazine, « L'ipad, ou la tentation du superflux », n° 41, juillet 2010
Sociologie de l'art, Dossier « Œuvre ou objet ? », n° 6, 1993
Films, arts plastiques et décoratifs, œuvres musicales
Paul Dukas, L'Apprenti Sorcier, 1897
Jean-Luc Godard, Deux ou trois choses que je sais d'elle, 1967
John Lasseter, Toy Story, 1995
Andrew Stanton, Wall-E, 2008
Jacques Tati, Playtime, 1967
Boris Vian, La Complainte du progrès, 1956
Orson Welles, Citizen Kane, 1941
Série des James Bond
Œuvres de : Arman, Christian Boltanski, Georges Braque, Sophie Calle, César, Marcel Duchamp, Eileen Gray, Damien Hirst,‎ Jeff Koons, Bertrand Lavier, René Magritte, Charlotte Perriand, Pablo Picasso, Michelangelo Pistoletto, Daniel Spoerri, Philippe Starck, Jean Tinguely, Joana Vasconcelos, Andy Warhol.
Sites internet
Musée de l'objet à Blois :  www.museedelobjet.org/presentation.html
Catalogue des objets du musée du quai Branly : http://www.quaibranly.fr/cc/pod/recherche.aspx?b=1&t=1
L'objet dans l'art du XXe siècle : http://mediation.centrepompidou.fr/education/ressources/ENS-objet/ENS-objet.html
Les cabinets de curiosités en Europe :  http://curiositas.org/
Une histoire du monde en cent objets (A History of the World in 100 Objects) : http://fr.wikipedia.org/wiki/Une_histoire_du_monde_en_cent_objets
Collection « Design » Arte :  http://www.arte.tv/fr/design/979908.html
Mots-clefs
Artisanat, industrie, prototype, série, imprimante 3D, dématérialisation, objets connectés
Consommation, bien de consommation, marchandise, produit, article, produit dérivé, gadget
Don, troc, récupération, recyclage, brocante, bric-à-brac, vide-greniers
Accumulation, conservation, collection, inventaire, cabinet de curiosités
Chose, symbole, objet de culte, objet d'art, ready-made, nature morte
Broutille, bibelot, bijou, cadeau, fétiche, objet de désir, objet transitionnel, etc.

vendredi 7 mars 2014

Rêve collectif : utopie, cauchemar




Le rêve prend parfois la forme du collectif, lorsque l'espoir n'est plus singulier mais devient celui de tous. Lorsque Martin Luther King prononce son discours le 28 août 1963 "I have a dream" il est porteur des aspirations de tous les afro-américains. Il parle des Etats ségrégationnistes du sud des Etats-Unis, que jusque dans l'Alabama la fraternité remplace la haine, que les petits enfants noirs et blancs puissent se donner la main... Ici le rêve est aussi un déclencheur politique, il acte une prise de conscience qui renseigne moins sur le futur que sur le présent - lorsque Martin Luther King fait son allocution le mouvement pour l'émancipation est déjà assurée victorieux - c'est un marqueur du pouls de la société. Le rapport au temps dans le cadre du rêve collectif est celui du présent plus que du futur - mais n'est-ce pas le cas de tout rêve (collectif ou individuel) que d'être le moment d'une prise de conscience - Le rêve devient alors moins une annonce qu'un projet, il n'anticipe il dévoile et ainsi fait connaître aux autres et parfois soi ce que nous ambitionnons de faire ou devenir.  Lorsque le rêve est partagé il y a un élan collectif proche de l'enthousiasme qui advient - projet collectif qui peut aussi anticiper le pire... Souvent le le meilleur côtoie le pire : rêve de fraternité, de partage, d'égalité puis une dictature du prolétariat qui est la confiscation par des apparatchiks du pouvoir politique, la terreur stalinienne, les piges, le goulag... Le rêve ne peut permettre de savoir ce que sera l'action, il est la trace d'une volonté mais non d'une fin. Une utopie est une invention sans lieu, sans un endroit où être et croitre - une fabrication de l'esprit qui est sans corps, sans une attache dans le monde réel, vouloir la faire advenir s'avère dangereux.

lundi 27 janvier 2014

Le rêve - analyse freudienne



Le rêve est pour Freud "la voie royale d'accès à l'inconscient", ce serait donc ce qui permettrait une compréhension de l'inconscient de la personne. Freud voit 3 éléments permettant de saisir des éléments "refoulés" - cad qui ne sont pas présents dans la conscience :

1 - Le lapsus   /   dire une chose pour une autre, dire ce qu'il ne fallait pas dire ou que l'on ne voulait pas    dire
2 - L'acte manqué   /   faire ce que l'on ne devait pas faire
3 -  Le rêve   /  celui-ci suppose une triple analyse

3-1 :  comme porteur de la parole des Dieux, c'est le cas dans la Grèce ou la Rome ancienne
3-2 :  comme permettant d'assouvir un désir ou un besoin - celui qui ne peut faire une promenade la journée la fait en rêvant
3-3 : le rêve est cathartique - il permet de tuer dans le rêve celui que l'on voudrait voir mort - Platon y voit le moyen de garder sa santé mentale

Le rêve est donc toujours le lieu d'enjeux qui ont un rapport avec l'éventail des champs de l'activité humaine.

Schéma du rêve :

Contenu latent   --->           Contenu manifeste
rêve latent                      rêve tel qu'il apparaît à la conscience du rêve

il y a une double structure du rêve avec un contenu manifeste qui vient masquer le contenu latent cad le contenu réel du rêve

L'objectif de l'analyse étant de remonter du manifeste au latent.

Lorsque l'on se réveille très souvent le contenu entier du rêve apparaît mais très vite, parce que l'on fait un geste ou que l'on pense à quelque chose, il disparaît complètement - ce phénomène s'explique par la remise ne avant des protections psychiques - sortent de verrous, de censures qui empêchent le contenu latent d'apparaître clairement car trop dangereux pour le Moi (l'identité) du sujet.




lundi 11 novembre 2013

La part de rêve qui est en nous / 3



La part de rêve implique que nous soyons tous habités par un projet qui excéderait la réalité de notre existence. des raisons peuvent pour cela s'imposer : le fait de devoir accepter des règles et normes sociales qui sont dictées de l'extérieur, de devoir s'insérer dans ce même tissu dans un contexte économique qui fait que chacun doit s'adapter à un marché de l'emploi, le cadre même de la société peut être en cause : nous vivons dans un monde occidental où l'individu est devenu un absolu, nous nous écartons des modèles collectifs pour valoriser une liberté individuelle qui a pour pendant une autonomie qui paradoxalement laisse peu de place au rêve.

Ce dernier trait mérite une explication :

L'exigence de la performance maximale est exigée de l'individu qui doit dans le travail parvenir à intégrer les demandes et faire siens les objectifs de celui-ci. La décision individuelle étant valorisée nous devons alors comprendre que seul l'individu est responsable de l'échec ou de la réussite d'un projet. Cette individualisation prenant comme forme une réduction des médiations qui autrefois opéraient entre les individus dans le cas de conflits - le choc est aujourd'hui absorbé par le travailleur qui ne peut plus totalement compté par une prise en charge de sa souffrance ou défaillance par le collectif. La proportion de la part de rêve peut donc être inversement proportionné à la souffrance qui affecte le monde du travail et la dureté de celle-ci. En ce sens la part d rêve serait l'indicateur inversé d'une forme de malheur - souffrir infiniment dans ce monde en espérant les vapeurs de l'oubli par le rêve. N'était-ce pas déjà ce que faisait les ouvriers qui oubliaient la condition misérable du prolétaire dans cette fabrique de rêve et de misère qu'est le vin ? N'est-ce pas une infinie souffrance qui pousse vers l'abandon que ce soit par l'alcool, la drogue, le rêve ? N'est-ce pas encore une façon d'échapper à la condition réelle que de s'en inventer une autre ailleurs, plus loin, plus tard ? Nous donner des raisons pour ne pas faire, pour ne pas agir, pour ne pas changer les choses et nous mêmes ? Comment penser le rêve comme bienfaiteur si nous savons déjà qu'il révèle une part d'ombres qui ne peut s'échapper que durant les errances de notre conscience ?




jeudi 7 novembre 2013

La part de rêve qui est en nous / 2





Que chacun poursuive un but propre qui échappe aux impératifs de la vie en commun et même aux cadres normaux de la physique et de la raison est une chose possible. Poursuivre une chimère, vouloir décrocher la lune, être astronaute... tant de possibilités que nous cachons au fond de nous, que nous ne révélons pas par peur du ridicule ou esprit de sérieux. Que le rêve soit enfermé ainsi en nous pose le problème de la surface et de la profondeur, du rapport au réel et du sens. Si nous sommes libres nous pouvons vouloir l'impossible, nous sommes activement dans la recherche de cette part de nous qui autrement échappe et fait disparaître en même qu'elle des illusions. Mais qu'est-ce qu'une situation qui a besoin de l'illusion ? Ne faut pas s'affronter aux choses, aux possibles aussi, vouloir quelque chose qui manifeste ma tension vers l'objet et la réussite de mon projet. Le rêve ne doit pas être seulement une part de nous mais doit remplir la totalité de notre être afin d'advenir et avec lui mon identité. Il ne faut pas prendre le rêve comme l'autre de l'existence mais comme son fond, tout projet avant sa réalisation n'est-il pas rêve ? Dormir, mourir, rêver peut-être ! La vie est un songe, un mirage, comment puis-je être assuré même d'exister véritablement ?


Dans le rêve dit Descartes je ressens les choses, je sens cette caresse comme je sens la douleur de ce coup : comment partager entre les sensations diurnes et celles nocturnes ? La solution cartésienne est dans le doute, dans un doute excessif qui portée sur le fondement de l'existence elle-même et qui va rencontrer  comme seul sol solide le fait que durant le temps où je doute quelque chose est forcément en train de douter. Ce quelque chose qui doute c'est moi : d'une manière radicale la preuve de l'existence est rationnelle et n'engage pas immédiatement le corps. La substance pensante est antérieure à la substance étendue, elle en est la preuve et la réalisation intellectuelle. La coupure peut bien se produire et grandir : le corps est un support incertain de connaissances dit Descartes qui propulse ainsi la science du côté de la déduction et qui ainsi peut s'écarter de la matière comme source de toute connaissance. Descartes dans le discours de la méthode pose une raison qui prend la figure d'une pensée sans le corps qui l'accompagne, n'est-ce pas là une inversion prodigieuse de la réalité ?

lundi 30 septembre 2013

Thème BTS : La part de rêve qui est en nous.

La part de rêve qui est en nous.



Cette affirmation (il existe une part de rêve en chacun de nous) produit une définition générale : tous les  hommes rêvent de quelque chose qui restent enfoui au plus profond d'eux. L'énoncé suppose donc une différence entre dedans et dehors, entre surface et profondeur mais dès lors aussi entre superficiel et important, entre existence et Être. Nous retrouvons là le grand cadre de la pensée idéaliste classique : une pensée des profondeurs qui implique que le réel, la matière, les choses, ce que nous vivons finalement à moins d'épaisseur qu'un rêve, qu'un songe qui prend la forme de mon identité et de ma définition. Ne pas se contenter de l'apparaître mais plonger dans l'Être, dans l'essence, dans la définition, dans cette part de nous qui demeure un rêve car le "quotidien" ou les autres ou ma paresse empêcherait la réalisation de ce désir. Logique de la raison et de la passion, préférer une folie passagère à la construction lente d'une vie, plonger dans ses désirs et vouloir seulement qu'advienne mon plaisir. D'abord entendre que la vie ne peut être satisfaisante puisque le rêve est cette trace d'une autre existence possible, souhaitée et que je ne peux atteindre. L'énoncé suggère que le rêve aurait une valeur supérieure aux déploiements de mon existence.



Que signifie l'énoncé appliqué à notre existence ?

Qu'il y a une incomplétude de notre vie, un manque, que le meilleur de nous serait prisonnier en nous sans pouvoir s'exprimer. La faute en serait aux circonstances, aux contraintes, finalement à la société. Il y a là comme une ode à la liberté qui ne pourrait se trouver qu'en dehors de la vie "ordinaire".

Mais ne peut-on pas affirmer au contraire qu'un rêve n'est pas fait pour se réaliser ? La vie que je mène est la seule que je puisse mener, ce que je peux vivre est entièrement ma vie, sans reste. Vivre est alors pleinement réaliser ce que je suis : le dedans, l'intériorité, l'essence n'est pas un rêve mais un mythe construit de toutes pièces pour affirmer que la vie que nous vivons n'est pas la véritable vie. Pour faire croire que la vie est ailleurs, précisément toujours où elle n'est pas.



Dans le film "Into the wild" le rêve est toujours plus au Nord, en Alaska. Dans les solitudes glacées et le héros quitte ceux qu'ils rencontrent au nom de la réalisation d'un rêve. Ce ciel homme qu'il rencontre et qui est son ami, cette jeune fille qui est l'incarnation de l'amour... tout cela ne peut tenir, la liberté est ailleurs, toujours plus au froid, toujours plus seul. Et il parvient dans cet enfer qu'il rêvait en paradis. Dans un bus abandonné il créé un univers où l'indépendance est reine, où le rythme est celui de la nature. Mais si une seule fois le coeur flanche, si un jour la conscience vient qu'il n'y a de liberté qu'avec les hommes, au dedans d'eux, que l'amour n'est pas celui de la nature mais de nos semblables... alors la nature brise l'homme en quelques instants. Soudain le rêve devient cauchemar, monstre des abysses qu'il n'est plus temps d'apaiser. La mort est au bout ici de ce rêve, et la découverte que le héros fait trop tard c'est que le "rêve" était présent dans les moments de sa vie sans qu'il ne le voit ni ne le ressente tout occupé qu'il était par les méandres de ses profondeurs. Regarder ce qui est à nos pieds, accepter la vie vécue et non pas vivre dans l'illusion d'une autre vie possible.